18/05/2017
Le décret relatif aux expérimentations visant à organiser la prise en charge des jeunes en
souffrance psychique a retenu toute l’attention du Conseil National Professionnel de
Psychiatrie : celui-ci se doit d’émettre de très sérieuses réserves concernant la pertinence
de ce dispositif, ciblé sur des notions très mal définies comme celle de souffrance
psychique, ne permettant aucune évaluation suffisante de son efficacité, ni du risque qu’elle
pourrait comporter à court comme à moyen terme.
La préoccupation du CNPP va du côté du risque important de perte de chances qu’une telle
démarche peut représenter pour les jeunes de 11 à 21 ans, qui pourraient ainsi se trouver
« traités » par une courte séquence de psychothérapie sans que son indication ait été
dûment réfléchie et posée par un psychiatre, à la lumière d’une démarche diagnostique
élaborée.
En effet, ce dispositif vise une période de la vie où les premières manifestations des
pathologies mentales les plus graves apparaissent, et leur prévention, dépistage et
diagnostic requièrent une expertise relevant de la compétence du psychiatre.
Si le Conseil National Professionnel de Psychiatrie reconnait les apports des Maisons de
l’Adolescent, la vigilance exercée par les médecins généralistes, ainsi que la compétence des
psychologues en ville, il considère également indispensable que les 15000 psychiatres
exerçant sur le territoire national soient impliqués dans les organisations sanitaires de
proximité. Il demande une modification du décret dans ce sens.
Nombre d’entre eux participent déjà à des expérimentations organisationnelles visant à
améliorer l’accès aux soins et la fluidité des parcours en psychiatrie et santé mentale. Ils
souhaitent des espaces de coopérations professionnelles précisant le rôle et la place de
chacun en particulier quand il est question d’indiquer des prestations de psychothérapies
Le Conseil National Professionnel de Psychiatrie tient à se démarquer de propositions qui
entérineraient une démédicalisation des parcours de soins, d’autant plus lorsque la santé
des plus jeunes et des plus vulnérables est en jeu. Il examinera avec une vigilance extrême
les développements de cette expérimentation.
Pour le CNPP
Dr MARC BETREMIEUX
Président